Lettre de Mgr Nicolas Souchu
Chers Frères et Soeurs,
Un article du journal le Monde du 13 septembre 2024 titrait : « Une emprise physique et spirituelle » : Le combat de trois jeunes femmes victimes d’un prêtre lazariste. Le 20 septembre le journal Sud-Ouest titrait : Un prêtre landais visé par deux plaintes pour agressions sexuelles. »
Depuis, des médias locaux ou nationaux, ainsi que les réseaux sociaux se font les relais de ces articles qui concernent le Père Vincent Goguey, Lazariste.
Je ne suis ni journaliste, ni membre de la justice civile, je tiens simplement à vous relater les faits tels que je les connais.
Ce Père Lazariste, a été nommé au Berceau de Saint-Vincent-de-Paul le 1er novembre 2020. Peu de temps après, le Visiteur (provincial des Lazaristes) m’a informé que ce prêtre avait la restriction suivante dans son ministère : « Ne plus faire d’accompagnement spirituel ni d’entendre des confessions dans un espace fermé, à l’abri de tout regard » (suite à une seconde plainte déposée contre lui). Cette restriction a été levée le 10 novembre 2021. J’ai appris tout récemment que ces deux plaintes avaient été classées sans suite.
Le 2 juin 2023, je recevais, en même temps que le Visiteur, le témoignage d’une famille connaissant une jeune femme se plaignant des actes de ce prêtre. Le Visiteur a pris contact avec cette famille et la plaignante et a ordonné de faire une enquête préliminaire (cette enquête du droit de l’Église n’est pas un jugement mais elle est faite pour vérifier la vérité des faits). Pour que cette enquête se déroule le mieux possible, j’ai demandé à ce que ce prêtre quitte le Berceau. Ce qu’il a fait.
Suite à cette enquête, le Visiteur a donné à ce prêtre trois restrictions dans son ministère :
- ne pas avoir de contact avec les personnes plaignantes (ce prêtre était très actif sur les réseaux sociaux).
- Pas d’accompagnement spirituel de femmes de moins de 30 ans pour 5 ans.
- Pas de confessions de femmes de moins de 30 ans pour 5 ans.
Le Visiteur a ajouté une demande de suivi psychologique.
Au vu de ce précepte, daté du 19 février 2024, lorsque le Visiteur m’a demandé le lendemain si ce prêtre pouvait revenir au Berceau, j’ai accepté, sans qu’il ait de mission dans le diocèse, car d’une part ces restrictions dans son ministère pouvaient se réaliser sur ce site, et d’autre part car la communauté des Lazaristes connaissait la situation de ce prêtre et pouvait donc le veiller, l’accompagner. Il est ainsi revenu au Berceau le 1er mars 2024.
Pendant ce temps le Visiteur a permis à la personne plaignante d’entrer en contact avec la CRR, la Commission de Reconnaissance et de Réparation, commission créée pour les personnes victimes de violences sexuelles présumées commises par des membres d’instituts religieux.
Une plainte a été déposée au parquet de Nanterre. Elle vient d’arriver au parquet de Dax. Tant que la justice civile ne s’est pas prononcée, l’enquête canonique ne peut pas se réaliser.
Voici les faits tels que je les connais.
Comment allons-nous avancer ensemble ?
La priorité est bien sûr dans l’écoute et la protection des personnes victimes présumées, dans l’éducation à la prévention (nous avons ce 1er octobre la réunion, prévue de longue date, de l’équipe diocésaine de la Prévention).
Je vous rappelle également les coordonnées de la commission d’accueil et d’écoute du diocèse : paroledevictimes40@diocese40.fr et le n° de portable : 07 72 14 38 92.
La justice civile, puis l’enquête canonique doivent faire leur travail. Laissons-leur le temps !
La prière pour les personnes victimes et pour notre frère prêtre est indispensable. Dieu connaît les coeurs et donne à chacun soutien et réconfort.
Alors que nous allons fêter saint Vincent de Paul, confions-lui les Prêtres de la Mission et notre diocèse dont il est le patron secondaire.
Chers frères et soeurs, dans les épreuves que nous traversons, gardons confiance et continuons à oser l’espérance dans nos communautés chrétiennes.
Fraternellement,
+ Nicolas Souchu
Évêque d’Aire et Dax