Homélie de Mgr Souchu pour la journée des ministres ordonnés et de la vie consacrée – 06 septembre 2023

Frères et Sœurs, 

« Faites tout ce qu’il vous dira. » Tel est le thème de cette semaine mariale dans le sanctuaire Notre-Dame de Buglose. Nous ne sommes donc pas étonnés du choix de l’évangile de Saint Jean sur les noces de Cana. 

De même, puisque dimanche prochain je convoquerai officiellement le synode diocésain, nous nous réjouissons du choix des oraisons de la messe de la Vierge Marie, mère de l’Espérance, puisque le thème du synode est Oser l’espérance dans nos communautés chrétiennes. 

Ce matin nous avons été conduits par une autre figure : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, en cette année du 150e anniversaire de sa naissance (le 2 janvier 1873) et du centième anniversaire de sa béatification (le 29 avril 1923). 

Voilà pourquoi, en cette journée des ministres ordonnés et de la vie consacrée, je voudrais aborder cet évangile des noces de Cana sous l’angle des serviteurs. Pour cela il nous faut tout d’abord examiner la demande que Marie leur fait. Il nous faudra ensuite regarder les ordres que Jésus leur donne. Enfin, nous pourrons nous placer au cœur même de ce que savent les serviteurs. 

La relation entre Marie et les serviteurs 

Regardons tout d’abord cette relation. Il nous faut bien avouer que Marie est comme la maîtresse de maison de ce mariage. Au début de l’évangile elle est citée avant même la présence de Jésus : « La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples ». C’est elle qui dit à Jésus : « Ils n’ont pas de vin ». Et, malgré une réponse de Jésus un peu dure, elle va s’adresser directement à ceux qui servaient en leur disant : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Marie définit ainsi la mission de ce qu’est le serviteur selon l’évangile : faire ce que dira Jésus. Cette demande de la Vierge Marie constitue d’ailleurs sa phrase-testament, puisque nous n’avons pas d’autre parole de la mère de Jésus dans cet évangile selon Saint Jean. 

Les ordres de Jésus aux serviteurs 

Quels sont ces ordres ? On peut les résumer en trois mots : « Remplissez, puisez, portez. » Il faut être clair : ce ne sont pas les serviteurs qui transforment l’eau en vin, mais ils font exactement ce que Jésus leur a dit de faire :  

« Remplissez d’eau les jarres » 

Le texte nous fait comprendre que les serviteurs n’eurent pas peur puisqu’ils les remplirent jusqu’au bord. L’eau était destinée à des jarres de purification. L’eau est celle de la vie nouvelle reçue au baptême. Comme les serviteurs de l’évangile, n’ayons pas peur de remplir jusqu’au bord les jarres de nos vies qui ont tant besoin d’être purifiées. 

« Maintenant, puisez » 

Si les serviteurs doivent puiser, c’est pour distribuer. À nous de distribuer le don de Dieu, sa Parole, son Pain de Vie. 

« Portez-en au maître du repas » 

C’est lui qui va constater que l’eau est changée en vin. Par leurs actions, les serviteurs vont aider à cette constatation de changement, de conversion. 

Ce que savent les serviteurs 

Nous pouvons entrer dans le cœur même de ce qu’ils savent : « Ceux qui servaient savaient bien d’où venait ce vin, eux qui avaient puisé l’eau », nous dit l’évangile. À Cana, il n’y a rien à voir. La transformation ne concerne pas la vue, mais le goût. C’est par la transformation secrète de l’eau en vin que la gloire de Jésus s’est manifestée, dit la fin du texte. Jésus nous transforme secrètement. Il touche le plus secret de nos vies. La célébration de notre synode diocésain sera peut-être comme celle du miracle du mariage de Cana : aux yeux du monde, il n’y aura peut-être rien à voir, mais j’espère que nous serons intérieurement transformés. 

C’est bien par le manque que Dieu nous parle souvent, comme ici à Cana. Les temps de crise peuvent être ceux qui nous ramènent aux questions fondamentales, en nous invitant à puiser profond au fond de nos jarres. Car c’est au fond de la cuve, c’est-à-dire dans notre conscience, que nous vivons la transformation silencieuse de la Grâce. 

+ Nicolas Souchu

Évêque d’Aire et Dax