Toussaint
Les historiens nous disent que la fête de tous les Saints est née vers les VIIe-VIIIe siècles en pays celtique. Les Celtes sont une peuplade venue d’Europe centrale et s’étendant en Gaule, en Espagne et dans les îles britanniques. C’est en Irlande et dans le Pays de Galles que la langue celtique est la mieux conservée. Chose curieuse : la fête de Toussaint n’aurait donc pas été inventée par la Rome chrétienne ! Mais Rome va l’adopter tout de suite. Au VIIe siècle, le Pape Boniface IV (608-615) l’institue en l’honneur de la Vierge Marie et de tous les saints martyrs. Un siècle plus tard, le Pape Grégoire V décide qu’elle sera célébrée dans l’Église entière en l’honneur de tous les saints, même non martyrs.
Au tout début du christianisme
Le livre des Actes des Apôtres nous dit que « le jour de la Pentecôte, ceux qui avaient accueilli la parole de Dieu se firent baptiser. La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ 3000 personnes ». Ces chrétiens du tout début, où se réunissent-ils pour « la fraction de pain » mot originel qu’on appellera beaucoup plus tard l’Eucharistie ? Tout simplement dans leurs maisons. Ils n’ont pas de lieu spécial pour célébrer le Christ mort et ressuscité.
L’Empereur Néron (54-68) fut accusé d’avoir provoqué l’incendie de Rome et lui-même accuse les chrétiens. Il déclenche la première grande persécution. Pierre est martyrisé en 64 et Paul, sur la voie d’Ostie, en 67. Les chrétiens prennent alors l’habitude de se réunir et de célébrer sur le tombeau des martyrs, mot grec qui signifie témoin.
Pendant 3 siècles, il y eut plusieurs persécutions et nombreux furent les martyrs. L’histoire de la Gaule connait des martyrs de Lyon, en 177 : saint Pothin (évêque), sainte Blandine et 46 autres chrétiens.
Liberté du culte chrétien
En 313, par l’édit de Milan, l’empereur Constantin (306-337) met fin aux persécutions et autorise la liberté de la nouvelle religion. L’un des ses successeurs, l’empereur Théodose (379-395) en fera même la religion officielle de l’Empire. Les chrétiens vont construire les lieux de culte pour se réunir, précisément sur le tombeau des martyrs. Ce sont les premiers saints officiellement reconnus. Les édifices religieux porteront le nom de Basiliques, en l’honneur de Jésus, Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs.
Le lointain Moyen-âge
Lentement et progressivement le christianisme s’étendra partout, en occident d’abord et en orient. D’autres chrétiens, fort nombreux, vont vivre intensément leur vie de foi et de prière. Des ermites et les premiers moines vivant en communauté. Eux aussi feront l’objet d’une très grande vénération. On les invoque comme intercesseurs auprès de Dieu. On célèbre leur mémoire, en principe à la date de leur mort car la mort d’un saint est sa naissance au ciel. On comprendra alors que l’idée soit venue de les célébrer tous ensemble, le même jour.
Tous les Saints
Le livre de l’Apocalypse nous parle des 144 000 élus, 12 000 de chacune des 12 tribus d’Israël. Mais ils sont myriades de myriades les disciples fidèles de Jésus, martyrs ou non. On ne connait que les plus célèbres. La très grande majorité sont inconnus de nous et connus de Dieu seul. Ils vivent dans la gloire.
Cette fête de Toussaint (de tous les Saints) nous dit que nous sommes les compagnons d’ici-bas de tous ceux qui sont dans la vision de Dieu. On dit communément qu’ils sont au ciel.
Une des prières de la messe nous fait dire : « Nous croyons qu’ils vivent désormais près de toi. Accorde-nous de sentir aussi qu’ils interviennent pour notre salut. »
Et la préface de la fête dit ceci : « Nous fêtons aujourd’hui la cité du ciel, la Jérusalem d’en haut. Et c’est là que nos frères les Saints chantent sans fin ta louange. »
2 novembre
Le 1er novembre, les cimetières sont déjà devenus des forêts de chrysanthèmes. On fleurit les tombes de nos défunts. Dès le XIe siècle, leur souvenir a été fixé au 2 novembre, lendemain de la fête de tous les Saints, parce que nous les croyons vivants, en Dieu. Deux jours totalement différents, mais il ne faudrait pas que la « fête des morts » supplante et fasse oublier la fête des tous les Saints.
Abbé Alfred Brettes