Maison de Vie et de partage Saint-Jean de Buglose
Un habitat partagé intergénérationnel au cœur du sanctuaire de Notre-Dame de Buglose
Notre famille vient de poser ses cartons dans la Maison Saint-Jean de Buglose. Nous avons fait le choix un peu fou de quitter la région parisienne avec nos trois jeunes enfants, pour venir dans les Landes investir cet ancien EHPAD. Pourquoi ? Réaliser un projet d’habitat intergénérationnel. Voilà ce qui nous a mis en mouvement et ce qui nous a progressivement guidés vers ce lieu qui accueillera ses premiers résidents courant 2020.
Nos intuitions vers ce projet
Voici ce qui a nourri notre démarche :
La solitude de la vieillesse
Dans notre société, nombreuses sont les personnes, qui autour de nous, même parmi nos proches, se sentent très seules. Avançant en âge, elles perdent leur conjoint, sont éloignées de leur famille ; puis les amis de leur génération partent les uns après les autres. Après une vie active bien remplie, ces personnes se retrouvent sans occupations, et il est plus difficile pour elles de retisser de nouveaux liens.. Elles passent l’essentiel de leurs journées seules alors qu’elles auraient pourtant tant à donner, à transmettre, à partager. Il suffirait pourtant de peu de chose pour qu’elles conservent cet élan qui maintient jeune.
La solution des EHPAD
EHPAD, résidences autonomie, résidences séniors, béguinages, accueil familial, habitat intergénérationnel, nombreuses sont les solutions de logement pour faire face au vieillissement de la population française. La solution première à laquelle ont recours les familles pour leur proche sont les EHPAD, publics ou privés. En effet, ce sont eux qui ont la plus forte capacité d’accueil et permettent la prise en charge complète des personnes dépendantes. Mais, comme les personnes âgées préfèreraient vivre chez elles et finir leurs vieux jours dans un cadre familier, l’habitat intergénérationnel apparaît comme une piste très sérieuse pour répondre à cet enjeu.
Les liens intergénérationnels
Avec son autorité naturelle liée à l’âge et à toutes les expériences vécues, malgré ses fragilités, l’ancien est un élément de repère et de cohésion essentiel à un noyau communautaire. Avec son dynamisme, sa fraîcheur, son énergie, la jeune génération donne un élan à la communauté. Active, mobile, en lien avec l’extérieur, elle la relie à la société et la tourne vers l’avenir. Ainsi « jeunes et vieux se réjouiront ensemble.» (Jérémie 31, 13)
Ce qui existait autrefois dans les familles, les quartiers, les immeubles, diverses associations tentent de le recréer aujourd’hui, chacune à sa manière : Ensemble 2 générations, AIMER, Ecoravie, Le Village de François…
Ces projets ont des dimensions très variées (de deux à trois cents personnes !), se situent dans des lieux divers (cœur de ville, campagne, péri-urbain), sont souvent nourris par des valeurs chrétiennes, intègrent du personnel salarié ou uniquement bénévole.
Toutes ces initiatives manifestent, chacune à sa manière, une volonté de vivre concrètement l’Évangile et témoignent ainsi de la vitalité de l’Église.
D’autres opérations dans les Landes
Bien vieillir dans les Landes est un plan lancé par le Conseil Départemental en mars 2019. Il vise à garantir la qualité des services aux personnes âgées, en renforçant les moyens et en améliorant les conditions de travail du personnel, en établissement et à domicile.
D’ici 2022, 500 places devraient ouvrir en Résidence Autonomie. Par ailleurs, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) est accordée par le Département aux plus de 60 ans, en perte d’autonomie, pour les aider à financer l’adaptation du logement, le portage de repas, les aides à domicile. Elle bénéficie à dix mille personnes, pour moitié en établissement, pour moitié à domicile.
Ces quelques exemples témoignent de la volonté de mettre en place, dans les Landes, des solutions adaptées à cette population fragile.
La mise en marche du projet
Sa genèse
Nous nourrissions depuis quelques années le projet de vivre concrètement l’ouverture aux personnes fragiles. Il y a un peu plus d’un an, nous avons décidé de lancer véritablement ce projet dont les contours se précisaient au fil des mois. Voici ce que nous écrivions en juin 2018, dans un courrier que nous avons adressé à un certain nombre de nos contacts, afin d’initier notre démarche :
Dans un lieu de vie partagé, nous aimerions proposer à d’autres de nous rejoindre pour cultiver l’attention au prochain, le partage, les liens fraternels et la vie de foi.
Notre intuition initiale est de vivre ce projet avec des personnes avançant en âge qui ne souhaiteraient plus vivre isolées.
Nous avons identifié quelques pistes pour assurer l’équilibre et la pérennité de ce projet :
– Il doit permettre à ceux qui le désirent (à commencer par nous) de maintenir une activité professionnelle par ailleurs. Cela supposerait la proximité raisonnable d’une grande ville.
– Il prendra corps dans un environnement à taille humaine, proche de la nature et qui permette à chacun de se sentir chez soi et de pouvoir accueillir familles amis et voisins.
– La configuration des lieux devra favoriser les échanges entre résidents et permettre des temps fraternels. Chacun pourra conserver son équilibre et cultiver son projet personnel.
- Redonner vie à un lieu chargé d’histoire, à une paroisse, à un village, constituerait un intéressant objectif de cohésion pour cette petite communauté.
En lisant ces quelques lignes, vous reconnaîtrez certainement combien la Maison Saint-Jean, qui devait se libérer dans le courant de l’année 2019, répondait point par point à ce cahier des charges. C’est donc avec confiance que nous avons cheminé avec le diocèse sur un nouveau projet pour ce lieu.
Suite à la première proposition de Mgr Souchu, nous avons multiplié les échanges et visites, rencontré différentes Commissions diocésaines et acteurs locaux. Ce discernement de quelques mois fut un cheminement nécessaire pour poser les bonnes fondations.
Son organisation
Pour bâtir durablement, pour que ce projet dure au-delà de notre engagement familial, nous avons convenu, dès le début, avec le diocèse de nous associer avec deux structures, complémentaires, choisies pour leurs engagements et leurs expériences en la matière :
La Société de Saint-Vincent-de-Paul
En France, les 17000 bénévoles du réseau de charité qu’est la Société de Saint-Vincent-de-Paul sont répartis dans 1000 équipes locales appelées Conférences. Ils initient des actions ciblées et œuvrent de manière autonome.
La SSVP est présente dans 93 départements.
Association catholique de laïcs, reconnue d’utilité publique, elle vit essentiellement de dons.
La charité de proximité est le cœur d’action de la SSVP. Ses bénévoles interviennent près de chez eux, dans leurs villes ou communes et accompagnent les personnes dans la durée. Leurs actions sont simples et discrètes. Historiquement, l’action phare de la Société de Saint-Vincent-de-Paul est la visite à domicile. L’association est placée sous le patronage de saint Vincent de Paul et les bénévoles agissent dans l’esprit de la spiritualité vincentienne, qui « affirme la dignité et la valeur de l’homme, reflet de Dieu, et identifie le visage du Christ dans celui des exclus.» (Chapitre 7.2 de sa Règle)
Le Conseil Départemental des Landes (CD40) de la SSVP compte :
- Trois Conférences : Dax, Peyrehorade, Biscarosse
- Une association spécialisée : le Logis Saint Vincent de Paul (Maison Relai)
La Fondation pour le Logement Social
Fondation reconnue d’utilité publique, à fonctionnement presque exclusivement privé, la Fondation pour le Logement Social favorise par le logement l’insertion des familles les plus en difficulté. La FLS attribue aux familles qui en ont le plus besoin des logements sans limite de durée, source de visibilité à long terme et de stabilité, avec des loyers adaptés à leurs moyens et un accompagnement personnalisé vers l’insertion. La FLS loge aujourd’hui près de 170 familles, dans 35 communes différentes, essentiellement en Ile-de-France.
Raoul Follereau écrivait : « Ce dont la personne fragile a besoin c’est moins d’assistance que de compréhension et d’amitié. » S’inspirant de son message universel et s’appuyant sur les principes sociaux chrétiens, la FLS est une fondation indépendante de tout organisme d’Etat comme de toute institution religieuse.
Attentive à toute forme de fragilité, la FLS crée également depuis 2015 des Maisons de Vie et de Partage, colocations à taille humaine entre personnes fragiles. Situées en cœur de ville, ces maisons constituent des lieux de vie intermédiaires entre logement ordinaire et établissement médico-social. Elles favorisent l’autonomie des personnes concernées. Elles participent à rompre l’isolement et l’exclusion.
Labellisée Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS), la FLS est certifiée Gouvernance et gestion responsable par AFNOR Certifications.
Le contenu de ce projet
Une proposition de vie communautaire
La Maison Saint-Jean aura vocation à loger des personnes avançant en âge, encore autonomes, mais esseulées par les aléas de la vie, ou d’autres personnes en situation de précarité, et une ou des familles. Les résidents d’horizons divers tisseront des liens intergénérationnels, points d’ancrage de cette Maison de Vie et de Partage. La diversité d’âges et de situations invitera à l’échange, à la découverte de l’autre, à l’apprentissage, à la transmission.
Au sein de cet habitat, chacun aura son propre logement, mais tous pourront se retrouver régulièrement dans des espaces partagés. Chacun vit chez soi, mais sans rester isolé. Chacun connaît son voisin et est attentif à celles et ceux qui vivent autour de soi.
Parce qu’une participation à un projet commun donne un dynamisme à la communauté et aide chacun à se lever le matin avec un but pour sa journée, des propositions de temps et d’activité communautaires rythmeront les semaines : repas hebdomadaire, jeu, temps de partage ou de prière, jardinage, participation à la vie du Sanctuaire…
Chaque résident pourra prendre part, suivant ses aspirations et ses charismes à la vie de la Maison.
Un lieu d’épanouissement
Une atmosphère familiale y règnera. Source de joie, clé du bien vieillir et aide au maintien de l’autonomie, les relations fraternelles seront un des leviers pour rompre l’isolement. La bienveillance et la solidarité entre résidents sera encouragée.
La vie de foi, source de jeunesse intérieure et d’épanouissement collectif, sera une composante à part entière de ce lieu. Les résidents pourront assister à la messe, vivre les temps forts de la vie liturgique, participer à la vie du Sanctuaire.
La spiritualité vincentienne sera vécue en actes : par des temps communs de prière, la rencontre du Christ dans ceux qui vivent sur le lieu et traversent des situations de précarité.
Un nom significatif
L’Association en charge de l’animation de la maison sera nommée Maison de Vie et de Partage Saint-Jean de Buglose : il nous semblait important de garder le nom de l’apôtre Jean et la mention à Notre-Dame de Buglose.
Sous le regard de Jésus en croix, la Vierge Marie et Jean, le disciple que Jésus aimait, s’adoptent mutuellement. A Jean est confié de prendre soin de Marie, de veiller sur son aînée. A Marie est confié le soin d’entourer Jean de sa tendresse.
Leur lien constitue une belle image pour cette Maison et les liens intergénérationnels qui vont s’y tisser.
La place des familles résidentes
Dans une société où tout service se monnaye, l’originalité du projet repose sur l’engagement bénévole des familles qui viendront habiter la maison. « En toute chose, Aimer et Servir », disait saint Ignace de Loyola. Elles assureront une présence, pourront aider à recenser les services à la personne, organiser une mise en commun d’autres services, assurer un soutien administratif ou informatique si besoin.
Pour débuter l’aventure, notre famille s’est installée dans une maison en chantier, avec l’engagement d’y rester au moins cinq ans. Nous espérons identifier rapidement une deuxième famille qui viendra nous rejoindre.
Le projet immobilier
C’est en 1948 qu’une villa comportant cinq petits appartements fut construite par l’Association Diocésaine pour accueillir des prêtres retraités du diocèse au cœur du Sanctuaire Notre-Dame de Buglose. Progressivement transformée en EHPAD de 35 chambres, la Maison Saint-Jean a conservé un abord très familial. Même si l’intérieur, pour des raisons de fonctionnalité, présente toutes les caractéristiques d’un établissement médico-social, cette maison sur deux niveaux (rez-de-chaussée, premier étage) garde son esprit d’origine de maison landaise.
L’enjeu est donc de rénover le bien pour y créer une quinzaine de logements de typologie diverse (T1’, T2, T3, T4) autonomes, ordinaires ou adaptés aux besoins de personnes âgées. Quelques logements seront destinés à des familles.
Des loyers modérés seront pratiqués pour permettre à tous de rejoindre la maison.
Ces grands locaux de 1500m² vont permettre de bien dimensionner les logements de chacun, tout en ménageant des espaces de vie commune agréables : patio, salle à manger, salon, oratoire, buanderie, jardin. Afin de favoriser les temps d’échange, ils seront facilement accessibles depuis tous les logements.
Le jardin sera également un lieu de partage : terrasse, verger, potager et ruches donneront l’occasion aux résidents de s’y retrouver et de s’y investir. Ce cadre naturel offrira une belle qualité de vie, propice à l’épanouissement.
La ville de Dax (avec ses établissements de soins, services, commerces), située à 10 km, est reliée par une ligne de bus, ce qui permettra une certaine autonomie des résidents. Le transport à la demande et le covoiturage entre résidents seront d’autres alternatives pour se déplacer.
En guise de conclusion, voici comment nous rejoindre :
Un groupe d’amitié va se constituer au cours des prochaines semaines. Ce sera le lieu privilégié pour rencontrer et connaître les personnes intéressées par le projet : résident, bénévole ou simple ami.
Voici différentes manières de nous soutenir :
- parler du projet autour de vous à des résidents ou des bénévoles potentiels,
- venir nous rendre visite, à l’occasion d’un prochain passage au Sanctuaire,
- prier pour le projet et ses futurs résidents.
Pour plus d’informations : saintjeandebuglose@gmail.com