L’écologie intégrale, un appel à la conversion
Intervention du Père Gérard de Rodat
Dans le cadre de la journée des Pavillons de Bourricos consacrée à l’Église Verte, le Père de Rodat, vicaire général de notre diocèse, a témoigné de son chemin personnel de conversion à l’écologie intégrale.
Après quelques rappels sur l’origine du mot « écologie » et de l’expression « écologie intégrale », Gérard de Rodat a insisté sur son fondement :
« L’écologie intégrale invite chaque personne et chaque communauté humaine à prendre soin de toutes les relations qui sont constitutives de la vie : la relation avec les autres, la relation à soi-même, la relation à la nature et la relation à Dieu ».
Mais la conversion écologique n’est pas pour lui une conversion à l’écologie, elle n’est pas non plus une « nouvelle religion écologique ». Elle invite à changer notre perspective de vie, et notamment « à considérer notre relation à Dieu sous l’angle du lien à la création ». C’est notre style de vie qui est questionné à nouveaux frais, et pas seulement un encouragement à poser des « actes verts ». Notre foi et notre spiritualité sont également engagées dans ce chemin : « la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure » . La démarche personnelle est indissociable d’une démarche communautaire : « La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire. »
Gérard de Rodat a explicité ce qu’il appelle les « piliers » de cette conversion :
la conversion intérieure et spirituelle, car la conversion engage toute notre personne et toutes les communautés humaines, elle implique de conjuguer gratuité, sobriété, humilité et solidarité.
Le second pilier est le changement de vision du monde, vision qui ne soit pas centrée exclusivement sur la dimension « technico-économique ».
Troisième pilier : le lien renouvelé avec la création, dans la conscience que tout est lié : nous formons « avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle » .
Le quatrième pilier concerne aussi bien chaque personne que les communautés humaines : l’action et le changement de style de vie nous invitent à reconnaître nos erreurs individuelles et collectives, et suscitent notre sens prophétique et notre créativité. Comme cinquième pilier, la conversion communautaire est porteuse de transformations sociales, elle invite le croyant à la favoriser, à y participer, là où il se trouve.
Enfin, la conversion écologique est d’abord « un chemin de joie et de réalisation personnelle », elle consiste à se mettre en route avec d’autres, pour plus de vie partagée, elle appelle à plus d’enthousiasme et à un « engagement généreux » .
Quelles questions pour quelles actions ?
Gérard de Rodat propose quelques pistes de réflexion : comment nous nourrissons-nous ? Comment récupérons-nous nos déchets ? Comment regardons-nous la création autour de nous, faune et flore par exemple ? Quel rapport avons-nous au temps dans notre quotidien ? Comment nous déplaçons-nous, avec qui ? Pensons-nous « sobriété heureuse » dans notre style de consommation ? De quoi nous vêtons-nous ? Quelle place le numérique a-t-il dans notre vie ?
« L’écologie intégrale est finalement un projet de vie fondé sur le projet d’amour qui habitait Dieu lorsqu’il a créé l’univers : « Et Dieu vit que cela était bon ! » . L’écologie intégrale est un long chemin pour réfléchir au grand projet d’amour de Dieu pour sa création, et pour vivre une véritable conversion dans nos projets et nos choix de vie. »
À la suite de « Laudato Si’ », Gérard de Rodat nous invite à nous interroger sur ce qu’est le « bien commun » dès aujourd’hui.
Corinne Vignaux