Homélie du 14 juillet 2024
Prononcée à Lourdes lors de la messe internationale en la basilique Saint-Pie-X. La messe était présidée par Mgr Souchu.
Frères et Sœurs,
« Que l’on vienne ici en procession. » Tel est le thème de cette année pour le pèlerinage à Lourdes. Et c’est pourquoi nous sommes rassemblés, ce matin, venant de France, d’Europe, et de tous les autres continents, personnes malades et handicapés, hospitaliers, pèlerins.
Ici, à Lourdes, il y a deux processions par jour durant la saison des pèlerinages : la procession eucharistique et la procession aux flambeaux. Ces processions se déploient tout au long de l’esplanade du Sanctuaire et, à cette période de l’année, on sait bien qu’il y aura toujours du monde.
Mais à partir de combien de personnes peut-on parler de procession ?
Comment et pourquoi une procession se forme-t-elle ?
Voilà bien deux questions qui sont éclairées par les textes de la Parole de Dieu de ce quinzième dimanche du temps ordinaire.
À partir de combien de personnes peut-on parler de procession ?
L’Évangile d’aujourd’hui nous indique qu’une procession, ça commence à deux ! Le Christ envoie les Douze deux par deux sur la route. Leur but est de rendre témoignage et on sait bien qu’au temps de Jésus un témoignage n’était vraiment reçu que s’il était fondé sur celui de deux personnes. Saint Grégoire le Grand écrit même que « si le Seigneur envoie ses disciples deux par deux pour prêcher, c’est que le précepte de la charité est double : l’amour de Dieu et celui du prochain. » On débute donc une procession dès qu’on est deux personnes réunies au nom du Christ.
Comment et pourquoi une procession se forme-t-elle ?
Une procession est constituée par des personnes individuelles qui s’agrègent pour cheminer ensemble vers un même but. Examinons ces trois aspects :
des personnes individuelles
Chacun des pèlerins a sa propre personnalité, ses propres difficultés, ses propres angoisses. Mais il a confiance dans le Christ, puisque « Dieu nous a choisis en lui », comme le rappelle Saint Paul, et « qu’il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. » Avant de se mettre en route, chaque pèlerin s’est senti « saisi par le Seigneur », comme le dit le prophète Amos.
qui s’agrègent pour cheminer
Alors, pour renforcer cette foi dans le Christ, chacun décide librement et spontanément de s’adjoindre à tous ceux qui partagent la même foi, pour former une communauté en marche. C’est pour cela que la Vierge Marie a demandé à Bernadette d’aller dire aux prêtres « qu’on bâtisse une chapelle et qu’on y vienne en procession. »
ensemble vers un même but
Quel est le but d’une procession ? Celui de porter témoignage, comme cela est indiqué dans l’Évangile. Une procession à Lourdes, qui réunit tant de peuples différents, témoigne que la fraternité universelle est possible. Cela est si important aujourd’hui ! Et notamment dans notre pays, pour lequel nous prions particulièrement en ce jour de fête nationale.
Venir en procession, c’est donc marcher ensemble, converger dans une même foi. Et aujourd’hui, à Lourdes, cette messe internationale manifeste clairement qu’après nous avoir « saisis » individuellement, le Christ nous appelle à une charité universelle. Venir en procession, c’est déjà un signe du Royaume qui vient.
+ Nicolas SOUCHU, Évêque d’Aire et Dax