
« Jeûnons et prions pour sortir d’une bioéthique aveuglée »
Le dernier projet de loi relatif à la bioéthique a été adopté en deuxième lecture par l’Assemblée Nationale, le 1er août 2020. Adopté mais pas encore définitif : il doit repasser devant le Sénat, en janvier 2021 au plus tôt. Cette réforme a encore du chemin à parcourir, mais il y a néanmoins urgence.
À l’invitation du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France, notre diocèse concrétisera, les vendredis 15, 22, 29 janvier et 5 février, ces journées de jeûne et de prière, par une messe, célébrée à 18h15, en la cathédrale de Dax, au cours de laquelle sera lue la prière pour la vie.
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Lettre aux évêques
Dès le 1er août, Mgr Pierre d’Ornellas archevêque de Rennes et responsable du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France, avait écrit à ses frères évêques : « Le vote des députés n’a-t-il pas été guidé par une certaine myopie ? […] Nous percevons tous que ce projet de loi transgresse les principes anthropologiques fondamentaux de la dignité humaine et de son respect inconditionnel, comme si l’écologie environnementale n’appelait pas une écologie humaine. […] Car tout est lié dans le respect du vivant, qu’il appartienne à la nature ou qu’il soit humain. »
Le 15 décembre, Mgr d’Ornellas vient de mobiliser à nouveau ses frères évêques, en leur présentant le document suivant, dans lequel « les membres du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France proposent quatre journées de prière et de jeûne en janvier-février 2021, afin que les yeux de tous – les nôtres et ceux d’autrui – s’ouvrent et sachent discerner la dignité inouïe de toute créature humaine. »
« Que nos yeux s’ouvrent ! »
Ce document constitue une réflexion sur les enjeux. Son titre fait référence à la demande des deux aveugles : « Seigneur, que nos yeux s’ouvrent. » (Mt 20, 29-34).
Voici, résumées, les principales observations.
Techniques et responsabilité morale
« La science suscite des techniques qui nous rendent de précieux services. Mais nous sommes tentés par leur prodigieux pouvoir qui fascine. Cette fascination nous aveugle sur la responsabilité morale qui, à l’heure de l’écologie, nous oblige à mettre en œuvre une écologie humaine. »
Ce projet de loi reflète un « affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme. […] Il s’agit d’un domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge, avec une force dramatique, la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu. » (Benoît XVI).
« L’oubli de la transcendance en chaque être humain rend périlleuse la bioéthique. »
Individualisme et fraternité
« La bioéthique exige un regard sur l’être humain et sur sa vocation à la fraternité. Le pape François nous interpelle : « Lorsque tu arrives au stade où tu peux regarder le visage de chaque homme et y voir l’image de Dieu, tu commences à l’aimer en dépit de tout. […] Notre relation avec les autres est une fraternité mystique contemplative qui sait regarder la grandeur sacrée du prochain. »
Notre regard est « comme obstrué par l’individualisme qui imprègne nos mentalités et qui nous rend myopes sur la grande beauté de l’être humain. Cet individualisme restreint notre « capacité à regarder le plus fragile comme un frère, comme une sœur. » Il convient « que chaque personne s’épanouisse selon l’ample vérité de son être, sans que ce soit au détriment des autres. »
L’individualisme engendre « une vie fermée à toute transcendance. Il est le virus le plus difficile à vaincre. » (pape François).