
Homélie du dimanche 15 novembre 2020
33° dimanche ordinaire
Journée mondiale des pauvres
« Tends ta main au pauvre, pour être pleinement béni » (Siracide 7, 32)
Tel est, frères et sœurs, le thème de cette 4° Journée Mondiale des Pauvres, instituée par le Pape François. Ce thème rejoint également la Journée Nationale du Secours Catholique. En ce temps de confinement, nous pensons évidemment à tous les responsables et les bénévoles de notre délégation du Pays de l’Adour. Nous pensons à tous ceux et celles qui souffrent particulièrement en ce temps de confinement qui, il faut le rappeler, a été institué pour diminuer, voire stopper la Pandémie qui atteint le monde entier et, en particulier, l’Europe et notre pays.
« Tends ta main au pauvre » nous invite ce matin à regarder nos mains en lien avec l’Évangile de ce jour. En effet, saint Matthieu nous décrit une parabole de Jésus où un homme qui partait en voyage confie ses biens à ses serviteurs en leur remettant des talents (c’est-à-dire une somme d’argent). On peut imaginer que cette remise s’est faite de la main à la main.
On pourrait dire que nos mains ont cinq talents chacune, les cinq doigts de la main. Parfois, nous n’utilisons qu’un doigt, comme par exemple le pouce, pour dire que tout va bien, ou qu’on a gagné. D’autres fois, nous utilisons deux doigts pour faire, par exemple, comme une pince. Souvent, nous avons besoin de nos cinq doigts et nous nous en rendons compte lorsque, par exemple, nous nous sommes blessés.
Chaque doigt a un nom et une particularité. C’est ce que nous allons utiliser pour commenter les textes de la Parole de Dieu, en cette journée mondiale des pauvres, et en cette période de confinement où nos mains ne peuvent pas recevoir aujourd’hui le corps eucharistique du Christ comme le dit si bien saint Cyrille de Jérusalem dans ses catéchèses mystagogiques : « Quand tu t’approches ne t’avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints, mais fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi, et dans le creux de ta main, reçois le Corps du Christ, en disant, Amen. Avec soin alors, sanctifie tes yeux par le contact du Saint Corps, puis prends-le et veille à n’en rien perdre ». On pourrait dire aujourd’hui que nous recevons dans nos mains les talents que Dieu donne à chacun selon ses capacités. Alors comment les faire fructifier ?
D’abord par le pouce : c’est lui qui dit quand c’est bon, c’est fort, c’est grand. Voilà tout le contraire de celui qui n’a reçu qu’un seul talent. Il dit : « J’ai eu peur et je suis allé cacher ton talent ». Faire fructifier nos talents (la pièce de monnaie, mais aussi les capacités que nous avons), c’est recevoir et entrer dans la joie de Dieu, la joie de l’Évangile, que rien ne pourrait nous ravir, nous enlever.
Ensuite l’index : c’est le doigt qui donne des leçons, mais c’est aussi celui qui désigne. Il peut désigner le Christ qui fait fructifier nos talents, notamment par le don de sa parole. Il désigne également le frère, ce qui revêt pour nous aujourd’hui une importance particulière en cette Journée Mondiale des Pauvres et du Secours Catholique.
Puis le majeur ; c’est le doigt le plus grand, il est comme un mât central qui porte tout (si vous regardez le Vendée Globe, même les bateaux les plus modernes techniquement doivent avoir un mât central). Pour nous
chrétiens, il représente la prière, c’est elle qui nous permet de nous hisser vers le haut, vers Dieu. On ne peut donc pas faire fructifier les talents reçus sans la prière.
Puis l’annulaire : c’est ce doigt qui porte l’anneau : l’alliance des personnes mariées, parfois celle des personnes consacrées. C’est à l’annulaire que l’évêque porte l’anneau épiscopal, signe de son lien avec l’Église diocésaine qu’il sert. On ne peut faire fructifier ses talents que si nous vivons dans l’Alliance, c’est-à-dire dans l’ordre de l’Amour qui se donne. L’Évangile précise que c’est longtemps après que le maître revient de son voyage. Si nous ne vivons pas selon le régime de l’alliance, nous trouvons le temps bien long, cela devient souvent le temps des infidélités.
Enfin l’auriculaire : c’est le plus petit doigt mais il est attaché à l’oreille. Il nous appelle à écouter, à être attentif aux charismes, à tendre la main au pauvre car nous pouvons faire attention à lui.
Dans son message pour cette Journée Mondiale des Pauvres, le Pape écrit que : « Tendre la main fait découvrir qu’existe en nous la capacité d’accomplir des gestes qui donnent un sens à la vie. C’est un signe qui rappelle la proximité, la solidarité et l’amour ».
Alors frères et sœurs, n’ayons pas peur de tendre la main au pauvre. Celle-ci est porteuse des talents que Dieu nous confie avant son retour.
Mgr Nicolas SOUCHU
Évêque d’Aire et Dax
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