Homélie de Mgr Souchu pour le 15 août – Messe des bandas

Citius, altius, fortius ! Plus vite, plus haut, plus fort ! 

Cette devise des jeux olympiques raisonne évidemment en nous, puisque les ferias de la ville épiscopale de Dax se déroulent entre la fin des jeux olympiques et le début des jeux paralympiques.  

Mais savez-vous que ces trois mots sont d’inspiration chrétienne ? En effet, c’est un Dominicain, le père Henri Didon, qui les a proposés à son ami Pierre de Coubertin qui était à la recherche d’une devise pour les jeux olympiques. 

Pourquoi donc ne pas méditer cette devise en ce 15 août, jour de fête patronale, où nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie en notre cathédrale de Dax, Notre-Dame de l’Assomption ? 

Citius, plus vite ! 

Les sportifs sont invités à aller toujours plus vite. Notre société aussi nous pousse chaque jour à aller plus vite. Les moyens modernes de communication ne nous laissent pas souvent le temps de respirer ! Les multiples occupations de la vie quotidienne, celles de nos enfants et petits-enfants nous obligent à aller toujours plus vite. 

Le chrétien, lui, n’a pas la même fébrilité, il souhaite marcher jour après jour à la suite du Christ et il a comme objectif de vivre en plénitude avec lui, de ressusciter avec lui à la fin des temps. C’est un long chemin ! Depuis des siècles nous attendons et nous annonçons la venue du Seigneur à la fin des temps. 

Mais la Vierge Marie n’a pas eu à attendre. On peut dire que, par son assomption, elle a été le plus vite au ciel puisqu’elle n’a pas connu la dégradation du tombeau, comme l’a indiqué le pape Pie XII en 1950, lorsqu’il a promulgué le dogme de l’assomption de la Vierge Marie. C’est ce qu’exprime la fin du passage du livre de l’Apocalypse, la première lecture, après la vision d’une Femme : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ. » 

Altius, plus haut ! 

Les sportifs sont invités à aller toujours plus haut. Notre société nous invite chaque jour à aller plus haut, à nous dépasser, avec le risque de laisser bien des personnes au bord du chemin.  

Le chrétien sait qu’il est appelé à ressusciter à la suite de la résurrection du Christ. Comme l’indique la seconde lecture de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens : « C’est dans le Christ que nous recevront la Vie, mais chacun à son rang : en premier le Christ et ensuite ceux qui seront au Christ. » L’assomption de la Vierge Marie constitue le fruit le plus direct et immédiat de la résurrection du Christ. Assomption veut dire étymologiquement action de faire venir à soi, de prendre auprès de soi. Marie a été ressuscitée à l’instant de sa mort. Elle ne peut donc pas aspirer à aller encore plus haut, puisqu’elle y est déjà ! Et si elle est déjà auprès de Dieu, cela constitue pour nous une immense espérance : Marie, une créature, certes préparée pour devenir la mère du Christ le fils de Dieu, mais une créature déjà pleinement sauvée. Elle a su totalement accueillir Dieu en elle, elle est totalement accueillie par Dieu. Elle entre en Dieu comme Dieu était venu en elle. Elle constitue la figure de l’humanité réussie. 

Fortius, plus fort ! 

Nous l’avons vu ces dernières semaines : les performances des sportifs, de haut niveau, des athlètes, les poussent toujours à être plus fort. Dans le sport, comme dans la vie courante, être le plus fort, c’est devenir celui qui gagne. 

Le chrétien, nous rappelle Saint Paul, met sa force dans ses faiblesses. Que fait Marie lorsqu’elle apprend par le message de l’ange qu’elle va être mère ? Elle ne se préoccupe pas d’elle-même. L’Évangile nous dit qu’elle se rendit avec empressement dans la maison de sa vieille cousine, qui attendait Jean le Baptiste. Marie se met en route, non pour partir en vacances, mais pour aider sa vieille cousine pendant trois mois et chanter les louanges de Dieu dans le cantique du Magnificat. 

Cela nous indique qu’en notre vie de chrétien, ce qui nous rend le plus fort c’est la rencontre de l’autre, le service de celui ou celle qui en a besoin. Eh oui ! le monde change à chaque rencontre, et sans doute les Ferias de Dax nous permettront-elles de multiples rencontres à vivre tout au long de ces jours. 

Ainsi donc, frères et sœurs, animés par la musique festive des bandas et la couleur rouge de nos foulards, qui symbolise le dynamisme, l’engagement, l’optimisme, l’audace, le rugby et la feria, vivons ces jours plus vite, plus haut, plus fort, non pas pour monter sur un podium éphémère, mais pour qu’à la suite du Christ Ressuscité et à l’exemple de la Vierge Marie, notre vie soit, elle aussi, totalement réussie. 

+ Nicolas SOUCHU 

Évêque d’Aire et Dax