
Homélie de Mgr Souchu – Messe chrismale 2022
Abbatiale de Saint-Sever, lundi 11 avril 2022
Frères et Sœurs,
Chers Frères prêtres et diacres,
La messe chrismale célébrée dans cette église-abbatiale restaurée de Saint-Sever nous guide tous vers la lumière. Nous en avons bien besoin alors que la guerre en Ukraine a bouleversé notre monde et que ses atrocités sont sources de malheur pour la population qui se bat et pour celle qui a dû quitter son pays. Le temps du carême, qui se termine, en cette semaine sainte, nous a permis à nous-aussi de nous restaurer pour nous préparer à recevoir à nouveau la lumière de Pâques. Je pense tout particulièrement aux catéchumènes qui ont vécu l’appel décisif le premier dimanche de carême et qui se préparent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne entre Pâques et Pentecôte, qui constituent dans l’évangile de Saint Jean tout particulièrement, un même mystère. Je pense, en cette messe chrismale, aux prêtres qui renouvelleront les promesses de leur ordination sacerdotale, ainsi qu’aux diacres qui auront le privilège, cette année, de répondre de leur engagement diaconal auprès du président du Comité National du Diaconat, qui n’en demeure pas moins leur évêque ! Je pense à nous tous, rassemblés ici à Saint-Sever, accueillis par la paroisse Notre-Dame du Mont Carmel, et qui représentons l’ensemble de notre Église Diocésaine d’Aire et Dax, dans sa diversité légitime, et dans sa communion dans la foi. En ce jour il peut être bon de nous interroger sur la manière dont nous entretenons la fidélité de nos engagements : fidélité conjugale, fidélité des vœux de la Vie Consacrée, fidélité dans le ministère ordonné. On ne devient pas prêtre ou diacre parce qu’il en manque ! On le devient par appel de Dieu, puisque l’Eglise est l’Eglise de Dieu. On ne s’engage pas dans l’Eglise parce que ce serait mieux après le concile Vatican II, qu’avant. On s’engage dans l’Eglise par appel de Dieu, même si cela prend la forme de médiations humaines. Comment est-ce que nous aidons ceux et celles qui s’engagent ainsi, à être fidèles à leur profession religieuse ou à l’ordination, particulièrement dans le don de soi au célibat ? On ne s’engage pas au célibat en attendant que l’Eglise ordonne des fidèles mariés. On s’engage au célibat par appel de Dieu, puisque l’Eglise est l’Eglise de Dieu !
L’Église, comme la société, n’ont cessé d’être bousculées ces derniers mois. Et nous voici au cœur des échéances qui orientent notre avenir. Il n’échappe à personne que nous avons dû mettre hier notre bulletin de vote dans l’urne pour les élections présidentielles, alors que la campagne a été bousculée par le contexte européen et international. On a dit parfois des évêques qu’ils étaient bien frileux dans cette campagne électorale. Mais je rappelle que le titre du document du Conseil Permanent de l’Épiscopat au sujet des élections de cette année (présidentielles et législatives) est « L’Espérance ne déçoit pas ». Voilà bien tout un programme et si, nous les chrétiens, nous l’appliquions, nous n’en serions sans doute pas à nous lamenter et à nous déchirer.
Alors que le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église a été rendu public début octobre, nous avons lancé la démarche synodale du diocèse, le jour même (17 octobre) où le pape ouvrait la consultation en vue du prochain synode des évêques à Rome de 2023 sur la synodalité de l’Église. Voilà bien deux évènements majeurs de prise de parole, de consultation du Peuple de Dieu.
Mais c’est un peu comme les formations : des formations on en veut, mais quand elles existent il n’y a pas grand monde pour y participer. Je rappelle simplement que la démarche synodale n’est pas faite pour réétudier ce qui a été fait depuis quatre ans, mais qu’elle doit obliger désormais à choisir au moins un point concret de conversion pastorale dans nos paroisses et ensembles pastoraux. C’est ce que nous essaierons de faire l’an prochain pour notre diocèse.
Alors, comment les textes proclamés en cette messe chrismale vont-ils nous envoyer plus avant dans la foi et notre mission de baptisés, nous qui avons peut-être reçu l’huile des catéchumènes ou l’onction des malades, le Saint Chême à notre baptême et notre confirmation et nous, prêtres et évêque qui avons reçu l’onction dans nos mains ou sur la tête ?
Tout d’abord, apprenons à coopérer avec l’Esprit-Saint : c’est ce que nous dit le passage d’Isaïe lu dans la première lecture et repris dans l’Évangile : l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé. L’Esprit-Saint souffle où il veut ; il n’est pas assigné à résidence dans nos églises, dans nos habitudes, dans nos opinions toutes faites. Bien sûr l’Église n’a pas le monopole de l’Esprit, mais elle a reçu mission de coopérer avec lui. Apprenons à discerner les traces de son passage, y compris lorsque notre Église est bousculée et que la société ne sait pas où elle va. Mais ne faisons pas croire que l’Esprit-Saint soutient nos idéologies.
Ensuite, attachons-nous au Christ. Il est l’alpha et l’oméga nous rappelle l’Apocalypse dans notre seconde lecture. On est encore loin des variants du Covid19 qui sont passés de delta à omicron, et maintenant au BA2 et XD ! C’est Jésus qui sauve, ne cherchons pas à sauver à sa place ! Acceptons l’amitié qu’il nous offre et offrons-lui la nôtre. Soyons fidèles, surtout en ces jours saints, aux moyens que l’Église nous offre pour le rencontrer : la prière, la Parole, l’eucharistie, la Fraternité, à l’exemple du Bienheureux Charles de Foucauld qui sera canonisé le 15 mai prochain, et je remercie le Frère Marc Hayet d’avoir animé la récollection des ministres ordonnés avant cette messe. Le 15 mai sera également canonisé le fondateur des Vocationnistes et vous savez qu’une communauté de Pères Vocationnistes vient d’arriver dans notre diocèse sur la paroisse Saint-Pierre-des-Luys.
Enfin, n’ayons pas peur d’être libres à cause de l’Évangile. Si c’est une parole de liberté qui s’accomplit aujourd’hui, comme l’indique le Christ, dans l’évangile qui vient d’être proclamé, soyons libres de faire des choix, le premier étant d’accepter d’avoir été choisi par le Christ. Soyons libres de résister aux idéologies à la mode, même dans l’Église. Pour cela, formons-nous, lisons les textes à leur source et ne nous contentons pas des simplifications des médias. Si vous êtes libres, vous aimerez l’Église et vous aurez d’abord de la bienveillance, pour tous.
+ Nicolas SOUCHU,
Évêque d’Aire et Dax