
Gonzalo Aemilius, nouveau secrétaire particulier du pape François
Un choix qui n’a rien d’anodin !
Cette nomination d’un inconnu a beaucoup surpris et pourtant ce choix ne devrait pas surprendre, car il se situe en droite ligne dans la logique pastorale du pape François.
Qu’on en juge !
Pour mieux comprendre, remontons un peu dans le temps. Dès le début de son pontificat le pape François n’a cessé d’inviter notre Église à « sortir », à « aller aux périphéries ».
Il faut comprendre cela d’un point de vue géographique et sociologique.
Du point de vue géographique, le pape François a déplacé le centre de gravité de l’Église, de l’Europe vers les périphéries. C’est ainsi qu’à chaque consistoire on voit apparaître une majorité de nouveaux cardinaux électeurs issus de presque tous les pays du monde, même de ceux qui comptent une infime minorité de chrétiens. Eh bien ! dans le choix de ses deux secrétaires particuliers, le pape François s’est aussi adressé aux périphéries. Déjà, en avril 2014, il avait choisi, pour son premier secrétaire, Yoannis Lahzi Gaid, prêtre égyptien, copte, du rite catholique oriental de langue arabe. Et, pour le second, il vient de choisir Gonzalo Aemilius, jeune prêtre uruguayen. Voilà deux choix bien périphériques !
Du point de vue sociologique, le pape François nous demande d’évangéliser les pauvres, les laissés pour compte, les marginaux. Eh bien ! pour son second secrétaire particulier, il choisit un prêtre qui, dès son ordination en 2006, âgé seulement de 26 ans, a créé et dirigé à Montevideo el Liceo Jubilar Juan Pablo II, lieu d’enseignement destiné spécifiquement aux enfants des rues, pauvres, abandonnés, marginaux et, pour certains, drogués. Issu d’une famille aisée de Montevideo, d’une grand-mère juive et de parents non croyants, Gonzalo Aemilius s’était converti alors qu’il était lycéen, frappé par le sourire et la joie rayonnante de certains prêtres qui aidaient les enfants des rues, malgré les menaces de mort. C’est alors qu’il avait décidé de devenir prêtre et de consacrer sa vie aux enfants abandonnés de son pays.
Jorge Bergoglio, encore archevêque de Buenos Aires, ayant eu écho de cette activité dynamique et efficace (ces jeunes, à leur sortie, trouvent du travail et s’insèrent dans la société) avait téléphoné à Gonzalo Aemilius pour le rencontrer, afin de s’informer sur son travail.
Quelques années plus tard, le jeune prêtre a été envoyé à Rome pour étudier la théologie pendant deux ans. C’est alors que s’est produit un événement étonnant ! Quatre jours après son élection, le 17 mars 2013, tandis qu’il salue les fidèles réunis devant la porte Sainte Anne, le nouveau pape François aperçoit dans la foule le père Aemilius. Aussitôt il l’invite à le suivre dans la basilique où il va célébrer sa première messe publique après son élection. À la fin de la liturgie, François l’appelle à côté de lui, le présente à tous, parle de son œuvre, et, tandis qu’il l’embrasse, la foule applaudit chaleureusement.
Évidemment, le père Gonzalo Aemilius admire depuis longtemps le pape François, surtout depuis les JMJ de Rio de Janeiro, sur la plage de Copacabana, où il a été témoin de la communion de celui-ci avec plus de deux millions de jeunes.
Et puis, comment ne pas terminer sur la personnalité assez fascinante de ce personnage. De nombreuses vidéos circulent sur You Tube, des interviews où il précise, avec beaucoup de dynamisme, sa conception de l’éducation et montre sa grande foi. Il vient d’avoir 40 ans, mais il en paraît 30. Son visage, toujours souriant, communique sa joie de croyant.
Franchement, on peut dire que le pape François a fait entrer au Vatican, en la personne de Gonzalo Aemilius, une sacrée jeunesse !
Arnaud Ducamp