
Au Secours catholique pendant le confinement
Les boutiques et permanences d’accueil du Secours Catholique étant fermées, la solidarité des chrétiens a-t-elle été, à travers lui, confinée ?
Pour répondre à cette question, Église dans les Landes a rencontré Rémy Campion, responsable depuis deux ans de la Délégation des Pays de l’Adour, ainsi que Henri Rodière engagé sur la région dacquoise.
Monsieur Campion, pourriez-vous nous rappeler comment est organisée la Délégation du Secours Catholique sur les Pays de l’Adour ?
Elle couvre deux diocèses, Dax et Bayonne, subdivisés en territoires. Pour le diocèse d’Aire-et-Dax, ce sont Dax et la Chalosse, Mont-de-Marsan, la Côte atlantique, la Haute-Lande et l’Armagnac.
Deux mille bénévoles dont huit cents dans les Landes y sont engagés.
Les exigences du confinement nous ont obligés à fermer nos accueils et nos boutiques.
Peut-on dire pour autant que le Secours catholique a été mis en chômage technique ?
Disons qu’il a fallu s’organiser autrement.
Nous avons eu comme premier souci de maintenir le lien, et, à travers, lui d’apporter une aide psychologique et parfois un soutien spirituel.
En effet, ceux qui fréquentent nos réseaux ne viennent pas y chercher seulement une aide matérielle. Ils y trouvent du lien social, de l’écoute, de l’amitié, et cela peut s’entretenir même à distance physique. Des groupes whatsapp ont pu être créés. Des échanges téléphoniques ont entretenu tous ces liens.
L’aide d’urgence n’a pas cessé pour autant.
Monsieur Rodière, qu’est-ce qui s’est vécu dans l’agglomération dacquoise ?
Si nos accueils ont été fermés, nous avons néanmoins gardé le contact avec les services sociaux de nos territoires, car la précarité, elle, n’a pas vécu de confinement.
De nouveaux besoins sont même apparus, et avec eux, de nouveaux visages.
Je pense aux familles monoparentales, à ces jeunes mamans qui ont eu à nourrir plusieurs enfants et qui bénéficiaient jusque-là des cantines scolaires subventionnées.
Je pense aux saisonniers, aux jeunes qui comptaient sur un travail intérimaire dans le thermalisme, désormais complètement à l’arrêt, à quelques personnes âgées, handicapées, dont les pensions ne sont pas arrivées dans les temps. Je pense encore à quelques familles de migrants, également en grande difficulté.
Une soixantaine de personnes nous ont été ainsi signalées sur la ville de Dax par les assistantes sociales. Nous avons établi un contact avec chacune d’entre elles et avons pu contribuer à subvenir à leurs besoins les plus urgents, grâce à des chèques-service, de 50 à 150 €.
Durant ce temps de confinement, 7 000 € ont ainsi été nécessaires, rien que sur notre secteur.
Au-delà de cette aide d’urgence ponctuelle, nous désirons garder le lien avec ces personnes en difficulté et poursuivre leur accompagnement.
Monsieur Campion, les permanences vont-elles rouvrir prochainement ?
Le 12 mai, la boutique solidaire de Pau a pu ouvrir à nouveau. D’autres reprendront leurs activités en juin, d’autres encore en septembre.
Travaillant avec des bénévoles, dont beaucoup sont avancés en âge, nous ne voulons rien imposer et respectons la libre décision de chacun.
Dans tous les cas, nous nous devons d’appliquer dans nos boutiques, les mêmes exigences que dans les autres commerces : masques, gel hydroalcoolique, distances de sécurité. Inutile de vous dire que cela n’est pas toujours facile dans tous nos locaux !
Quoiqu’il en soit, il nous faut rester mobilisés. La crise économique est devant nous, et avec elle, une crise sociale dont nous avons perçu les prémices durant cette période de confinement.
Permettez-moi de profiter de l’occasion qui m’est donnée pour remercier tous les Landais qui soutiennent notre action.
